Une spiritualité protestante : chanter ; marcher ; manger et y mettre du sens

Le terme de spiritualité est bien dans l’air du temps : en recouvrant plusieurs réalités, il plait en ce qu’il épouse facilement les attentes de nos contemporains en s’adaptant parfaitement au flou qui parfois les caractérise. On ne compte plus les best-sellers qui bien souvent mieux que les écrits des théologiens, arrivent à répondre aux questionnements de personnes qui cherchent à mettre des mots sur une aspiration qu’ils ont du mal à formuler.

D’une manière générale, on observe quand même des convergences dans les demandes qui sont adressées à l’Église à la fois par ceux qui se trouvent « sur le seuil » et ceux  qui la fréquentent régulièrement à travers trois formes d’interpellations :

  • Une interpellation par rapport au temps :

    Un exemple concret : prendre le temps de la contemplation et de la rencontre, gratuitement.

Devant l’accélération de nos modes de vie, la pression ressentie dans le cadre professionnel et l’omniprésence de l’information, le constat que « le temps s’est accéléré » est vécu comme une souffrance. Quels moments dans nos vies permettent de s’arrêter, de faire une halte ? La spiritualité se pose alors comme la possibilité de se mettre à l’écoute de soi pour alors, éventuellement se mettre à l’écoute de l’Autre.

  • Une interpellation par rapport à l’argent :

En se situant dans le domaine de la gratuité, la spiritualité habite un lieu rare d’où le rapport marchand est absent. A une époque où tout se monnaye, elle offre une place où chacun est libre de se sentir invité quel que soit son statut, et d’habiter pleinement la place qui est la sienne.

  • Une interpellation par rapport à la relation :

Au carrefour de la vie communautaire et de la vie intérieure et alors que la solitude est vécue comme un échec, la spiritualité permet de penser le rapport à soi-même et aux autres. Elle est aussi un moment qui peut faire advenir la rencontre par le dialogue : dialogue avec soi, avec les autres et avec Dieu.

Par ces trois prismes, l’Église est questionnée sur sa capacité à répondre à des attentes précises formulées par nos contemporains.

J’observe aujourd’hui trois formes de spiritualités spécifiques à la foi réformée – bien qu’elle n’en ait pas l’apanage et qu’il en existe bien d’autres – qui peuvent répondre aux attentes exprimées.

1- Une spiritualité de la Parole

La spécificité de la foi protestante est l’attention portée à la prédication. L’interprétation de la Bible constitue l’élément central du culte et répond encore aujourd’hui à une demande forte qu’il ne faut pas négliger. La formation des pasteurs mais aussi des nombreux laïcs qui s’engagent dans l’Église est centrale, et n’est pas uniquement liée à la pratique dominicale. Elle se décline dans les activités de la communauté locale jusque dans les visites des aînés et le travail jeunesse qui vise à la formation d’esprits libres et critiques.

Un exemple concret : quand musique et Parole se rencontrent grâce à Mendelssohn.

2- Une spiritualité de la musique

Dès les débuts de la Réforme, la musique et le chant ont pris une place importante dans le projet de renouvellement de la pratique religieuse en raison de leurs vertus pédagogiques. L’idée que la foi naît de ce que l’on entend : fides ex auditu, permet une mise en valeur de la Parole qui se déploie à travers le diptyque singen und sagen. Le chant et la prédication se répondent alors avec le même souci de louange, d’édification et de connaissance de l’Écriture tout en gardant un ancrage dans la vie quotidienne des fidèles, notamment au travers de mélodies populaires. À nous de faire vivre cette tradition d’une musique qui fait sens autant qu’elle plait.

3- Une spiritualité mondaine délibérément incarnée dans le réel

Un exemple concret : Quoi de plus quotidien qu’un petit déjeuner ?

Au contraire de la culture grecque qui valorisait la contemplation et voyait le travail comme une déchéance, la tradition biblique lui donne une valeur anthropologique : L’homme est créé, comme le dit Calvin, “pour faire quelque chose” et, en assurant un ordre qui serve la vie de tous, pour prolonger l’action créatrice de Dieu. L’activité familiale, professionnelle, quotidienne est perçue comme une vocation divine sur laquelle Luther insiste en faisant le lien entre Beruf et Berufung. Calvin affirme même que le sacrifice de la messe, dans le culte réformé, s’accomplit dans le sacrifice de l’existence tout entière comprise comme une « hostie ». La messe véritable pour Calvin étant donc la vie ordinaire : la vie quotidienne du chrétien offerte à Dieu.

Discerner la réalité d’une demande de vie spirituelle dans nos communautés et au-delà, en assumant ce qui dans nos propres traditions peut contribuer à y répondre est un des défis auxquels l’Église est aujourd’hui confrontée. Qu’à la fois la Parole, la musique et notre manière de donner du sens à notre vie quotidienne nous permettent d’aller à la rencontre de ceux qui en cherchent un. Vous trouverez ci-dessous des occasions de rencontres (balades ; repas…) qui ont du sens, rejoignez-nous !

Pasteur Fabian Clavairoly

[1] Jacques Ellul, L’impossible prière, Le Centurion, Paris, 1971.

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Édito

Vere Papa mortuus est

En devenant en 2013 le premier pape issu des Amériques et le premier jésuite à occuper cette fonction, François, né Jorge Mario Bergoglio incarnait de par sa seule élection un tournant majeur, en particulier au regard du pontificat de son prédécesseur Benoit XVI qui fut marqué du sceau de la rigueur dogmatique et du conservatisme théologique. Il convient ainsi, à la veille de ses obsèques, de noter que son mandat porte de part en part une volonté de réforme inspirée non seulement par une attention particulière aux plus démunis, mais aussi par un intérêt renouvelé pour le dialogue œcuménique.

Dès ses premiers pas, François se donna donc pour mission d’incarner un Église plus humble et plus proche des gens, en prônant la simplicité et la compassion. Au-delà des symboles, comme celui de délaisser les appartements pontificaux du palais apostolique pour une modeste chambre à la résidence Sainte-Marthe, le 266ème souverain pontife a ainsi tenté plusieurs initiatives pour aider les migrants, dénonçant sans relâche les politiques d’exclusion au nom du Christ. Dans les faits, François a toujours privilégié une présence auprès des plus humbles comme lors de son voyage à Lesbos en 2016, où il a rencontré des réfugiés, et il déclinera l’invitation de l’Élysée et du Diocèse de Paris lors de la réouverture de la Cathédrale Notre Dame, privilégiant des destinations moins évidentes comme l’Irak, la République Centrafricaine ou encore la Mongolie au nom de ses idéaux.

Sur le plan doctrinal, l’encyclique Laudato si publiée en 2015 est reconnue de manière unanime comme un texte majeur, et place officiellement l’écologie au cœur des préoccupations chrétiennes (dans les faits, les sondages montrent que près des deux tiers des catholiques en France ne savent pas ce qu’est ce texte).

En théologie protestante, le temps des obsèques ne rime cependant pas avec hagiographie. Il convient également de pointer les limites d’un pontificat marqué par l’ampleur inédite des affaires de pédophilie et de violences institutionnelles à travers le monde entier. Une ampleur dont nous ne mesurons pas encore complètement la gravité. En France, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (CIASE) présidée par Jean-Marc Sauvé rendit un rapport accablant en 2021 : 216 000 personnes aujourd’hui majeures auraient été agressées par un clerc alors qu’elles étaient mineures entre 1950 et 2020. Et alors même que le président de la Conférence des évêques de France révélait en 2022 que 11 évêques étaient mis en cause par les autorités judiciaires ou ecclésiales pour des faits de violences sexuelles, le pape François ne digérera jamais l’utilisation du terme « systémique » auquel conclut pourtant le rapport : malgré des velléités affichées et des paroles de contrition répétées ad nauseam, les faits marquants attendus quant à eux, après les paroles, ne suivront pas (le président de la CIASE ne sera d’ailleurs jamais reçu au Vatican).

Entre le 15ème et le 20ème jour après la mort du pape comme le veut la règle, soit entre le 6 et le 10 mai prochains, 135 cardinaux électeurs devront se réunir dans la chapelle Sixtine pour élire parmi eux le nouveau souverain pontife en votant quatre fois par jour jusqu’à ce qu’un d’entre eux réunisse au moins deux tiers des suffrages. Outre la question des scandales sexuels à répétition, de la crise des vocations et de l’effondrement massif de la pratique cultuelle en occident, le nouveau pape héritera de facto de chantiers énormes ouverts par son prédécesseur mais largement laissés en suspens, comme la place des laïques, ou celle des femmes dans l’Église.

Quel qu’il soit, ce successeur devra choisir de s’inscrire soit dans la ligne des prises de positions de François, souvent courageuses, soit dans celle de ses actes, finalement assez décevants.

Pasteur Fabian Clavairoly

Welcome

Le Bouclier wishes to be, above all, a lively Reformed parish. As heir to the first Reformed community founded by Jean Calvin, « Le Bouclier » (The Shield, named after the name of the street) is made up of 1,200 members and accompanied by two pastors.

« Le Bouclier » seeks to offer sharing and communion in an open-minded way so that parishioners and their friends may live through their spiritual questions together in the light of the Gospel. Today, all age groups are equally represented with, as a consequence, very active young people.

We offer a church service every Sunday which is sometimes followed by lunch. There are activities for all ranging from a group of young parents, a choir, « les doigts agiles » (nimble fingers), « les causeries du jeudi » (Thursday afternoon chats), evening meals, Bible studies, adult catechism and long walks which take place at different periods of the year.

Willkommen

Herzlich willkommen. Die evangelische reformierte Gemeinde « Le Bouclier » ist die Erbin der ersten Gemeinde, die in Strasbourg von Jean Calvin gegründet wurde.

Alle Altersgruppen haben ihren Platz und ein Schwerpunkt liegt auf der Jugendarbeit: vom Krabbelgottesdienst, über den Kindergottesdienst und Konfirmandenunterricht, bis zur Jugendarbeit, mehreren Freizeiten, und internationalen Workcamps. Andere Aktivitäten der Gemeinde sind der Chor, der Gospelchor, der Frauen-Handarbeitskreis, das Treffen der Senioren, die « Essen zu Hause mit je 8 Personen », die Wandergruppe, Bibelkreise, Erwachsenenkatechismus…

Die musikalischen Aktivitäten, herkommend von der reformierten Psalmtradition, und heute mit den Chören, der neuen « von JS Bach erträumten » Orgel, und vielen Konzerten, Kantatengottesdiensten, ist ein anderer Schwerpunkt der Kirchengemeinde.

Nach dem Sonntagsgottesdienst (um 10h30) findet einmal im Monat ein gemeinsames Essen statt.

Die Gemeinde besteht heute aus 1200 Gemeindemitgliedern mit zwei Pfarrstellen . »Le Bouclier » bietet den Gemeindemitgliedern und ihren Freunden einen Ort, an dem sie sich begegnen können und an dem sie ihre Fragen und Beschäftigungen hinsichtlicht ihres Glaubens teilen und leben können.