Je n’aurais pas assez de ma vie pour te connaître, pas assez de vertige pour mesurer tes profondeurs, pas assez de profondeur pour embrasser ton dessein, pas assez de patience pour laisser mûrir les fruits qui font plier les branches des arbres de ta création.

Je n’aurai pas assez de ma vie pour effleurer ta Grâce, pas assez de mes mots pour dire la mutation qu’opère cette caresse, pas assez de mon regard pour appréhender l’étendue de tes promesses, pas assez de mes bras pour cueillir tous les fruits qui font plier les branches des arbres de ta création.

Je n’aurai pas assez de ma vie pour aimer ceux que j’aime, pas assez d’amour pour rendre compte de celui que tu donnes, pas assez de mes poumons pour respirer ton souffle.

Je n’aurai pas assez de temps pour goûter tous les fruits qui font plier les branches des arbres de ta création, mais toi, mon Espérance, auras-tu assez de ma vie pour en faire le fragile greffon sur lequel pourrait fleurir un surgeon de ton Eternité ?

Marion Muller-Colard, théologienne