L’Evangile, c’est jouer à qui-perd-gagne,
c’est détrôner les rois et couronner l’enfant, le frêle, le candide,
inverser les valeurs, être riche de rien et fécond de ses pertes,
c’est ouvrir sa vie, laisser l’inespéré y poser sa semence.
L’Evangile, c’est jouer à cache-cache
avec la porte d’un Royaume qui tantôt se dévoile
et tantôt se dérobe. C’est connaître le temps hors cadran des horloges,
goûter l’éternité dans le fruit de l’instant.
L’Evangile, c’est jouer à colin-maillard
avancer les yeux bandés et ne jamais savoir
si celui que je touche, celui qui m’a touchée
est un mendiant, un roi, mon frère ou mon sauveur – tout cela à la fois.
Marion Muller-Colard, théologienne réformée