Te louer, mon Dieu, c’est construire un château des petits cailloux que l’enfant glane sur le chemin de ses rêveries
C’est faire un festin d’un bout de pain qu’offrira un voisin et qu’on mâchera lentement dans une religieuse attention au simple fait d’être vivant

Te louer, c’est siffler un air de printemps au plus profond d’un soir d’hiver
C’est regarder le point minuscule d’une étoile dans le ciel et revoir à la hausse les dimensions de l’univers.
C’est revoir à la baisse notre propre importance, se sentir petit et immense de te connaître
C’est rire pour trois fois rien, pour trois fois rien aimer
C’est jouir simplement de se sentir vivant dans une poignée de main

Te louer, mon Dieu, c’est mordre dans un fruit, goûter un vin nouveau
C’est reconnaître enfin ta divine alchimie derrière le goût de l’eau.

Marion Muller-Colard, théologienne