À partir de lundi commence la période des fêtes juives marquée par le Nouvel An juif (Roch Hachana) et le jour du Grand Pardon (Yom Kippour).
Elle est une occasion pour nous, chrétiens, de nous rappeler le lien spirituel fort et unique avec le peuple juif. Un lien qu’il nous faut rappeler envers et contre tout, et contre tous, en particulier quand cela nous expose face à l’inculture religieuse et l’amalgame parfois volontaire entre politique et religion.
Littéralement « tête de l’année », Roch Hachana dure deux jours et marque le commencement de l’année civile. On se souhaite une bonne année : « Chana Tova », douce et suave comme la pomme trempée dans le miel.
Roch Hachana commémore la création du monde et la naissance de l’humanité. L’homme partenaire de Dieu est responsable de l’achèvement de l’œuvre commencée par Dieu.
Cette fête est austère : elle rappelle à l’homme son statut de créature, soumise au jugement qui l’inscrira (ou non) dans le « Livre de Vie ». C’est pourquoi on se souhaite, en ces premiers jours de l’année, une inscription bonne sur ce Livre.
La liturgie est dominée par l’écoute du Choffar (corne de bélier) : un appel au secours émouvant « Père, au secours, sauve-moi, Père », disait le Baal Shem Tov, avec la reprise sans cesse de cette prière « Notre Père, notre Roi », que l’on redira à Kippour.
Roch Hachana ouvre ainsi les « dix jours redoutables », où chacun est invité à une transformation de sa vie intérieure, par un examen de conscience fouillé, quotidien, et en communauté.
Cette teshouva (un terme souvent employé au Bouclier) est un retour vers Dieu, vers soi-même et vers ses frères, à qui on est tenu d’aller demander pardon pour les fautes commises.
À la synagogue, les liturgies de Roch Hachana sont marquées par les sonneries du Choffar, un instrument de musique à vent taillé dans une corne de bélier et dans le courant d’une des après-midi, les fidèles se rendent au bord d’un cours d’eau ou de la mer, pour y jeter symboliquement leurs péchés, en se basant sur un extrait du livre du prophète Michée en se basant sur un texte de Michée au chapitre 7: « Seigneur, tu effaces la faute, tu pardonnes la révolte du reste de ton peuple qui a survécu. Ta colère ne dure pas toujours, car tu prends plaisir à nous manifester ta bonté. Une fois encore tu auras pitié de nous, tu ne tiendras pas compte de nos fautes, tu jetteras nos péchés au fond de la mer ». Cette période est clôturée, dix jours plus tard, par Yom Kippour (jour du pardon), journée la plus solennelle du calendrier juif célébré le 1er octobre prochain.
A celles et ceux qui se demanderaient quel peut être le lien avec ce que nous vivons en protestantisme, il suffit d’assister à un culte pour découvrir combien la liturgie protestante, avec la confession des péchés suivie de l’annonce du pardon, est inspirée par cette relation d’un peuple en dialogue avec son Dieu.
Pasteur Fabian Clavairoly