Le jeudi 18 septembre dernier, lors de la reprise des Causerie du Jeudi, nous avons eu la chance de (re)découvrir la vie d’Adelaïde Hautval avec la venue de Philippe Ichter.
C’était à mon sens un beau clin Dieu que d’entendre en ce jour de manifestation nationale les récits des actes de résistance de cette femme médecin, originaire du Hohwald puis de Guebwiller.
Cette protestante née en 1906 qui vit l’évacuation d’une partie de la population alsacienne en Dordogne en 1939, est arrêtée en 1942 à Vierzon parce qu’elle tentait de franchir la ligne de démarcation sans laissez-passer. Emprisonnée à Bourges, elle ne se taira ensuite plus jamais face aux injustices commises notamment contre les juifs et les juives. Elle sera ainsi comme eux et elles internée à Pithiviers, Beaune-la-Rolande, au fort de Romainville jusqu’à être déportée à Auschwitz en 1943 puis à Ravensbrück en août 1944.
On fera toujours appel à ses compétences de médecin et elle résistera toujours aux demandes inhumaines pour plutôt aider celles et ceux qu’elle était amenée à rencontrer. Ainsi, à Auschwitz, elle refusera de participer aux funestes expériences médicales organisées notamment par le funeste docteur Mengele.
A la fin de la guerre, Adelaïde retrouve une vie plus tranquille en région parisienne mais témoignera encore en 1964 contre le docteur Dering, un médecin nazi ayant intenté un procès en diffamation à un auteur américain. Elle décède en 1988 à l’âge de 82 ans après avoir été décorée de la Légion d’honneur et avoir reçu la médaille de « Juste parmi les Nations » en 1945.
On parle aujourd’hui dans certains milieux de « femmage » pour définir l’action de rendre hommage à une femme qui s’est distinguée dans ses actes ou son art. Et le femmage d’Adelaïde Hautval me touche particulièrement dans une période où les discours déshumanisants et les faits de violence qu’elle a combattu s’installent à nouveau confortablement dans notre pays et partout dans le monde. Face à la haine, le récit de femmes protestantes courageuses, nourries par leur idéal évangélique, m’inspirent et me poussent à m’engager pour un monde plus juste. Parlons donc plus de nos résistantes protestantes comme Adelaïde Hautval mais aussi comme Madeleine Barot ou Suzanne de Dietrich, qui ont toutes les deux eu un rôle décisif dans l’orientation spirituelle et humanitaire de la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués).
Car les camps de travail dans lesquelles ces femmes ont été amenées à œuvrer, ne sont pas si éloignés parfois des lieux qui accueillent nos « étrangers » d’aujourd’hui : migrants, demandeurs d’asile et sans-papiers…
Si vous le souhaitez, vous pouvez aujourd’hui participer à la panthéonisation d’Adelaïde Hautval en vous rendant sur le site dédié : https://adelaidehautval.fr/2025/03/29/signature-site/
Pasteure vicaire Juliette Marchet