Mémoire sans nationalisme

En France, la Toussaint est derrière nous – un jour où l’on décore les tombes, allume des bougies et garde vivants les souvenirs. Pour les chrétiens protestants, comme moi, le dimanche dans trois semaines sera le « dimanche des défunts » (Totensonntag) – le dernier dimanche de l’année ecclésiastique, où nous nous souvenons des morts. Comme mon grand-père aime le rappeler, ce jour est souvent aussi appelé « dimanche de l’Éternité » (Ewigkeitssonntag). L’accent est mis sur la vie éternelle et la résurrection, c’est-à-dire sur l’éternité de Dieu et l’espérance au-delà de la mort. Cette idée me semble très belle : « dimanche de l’Éternité » ne nous rappelle pas seulement les défunts, mais nous invite aussi à réfléchir au-delà. Ainsi, le « dimanche des défunts » devient non seulement un jour de mémoire, mais une transition entre le passé, le présent et ce qui est à venir. Dans les paroisses protestantes, on ne pense donc pas seulement à la mort, mais on met en avant l’espérance et la vie éternelle.

Vous vous demandez peut-être pourquoi, en tant que communauté réformée au  Bouclier, nous avons vécu le culte en mémoire des défunts dimanche dernier et n’avons pas attendu le dimanche de l’Éternité pour le faire : historiquement, le  dimanche des morts a été ordonné à l’Église de Prusse en 1816 par le roi Frédéric-Guillaume  III – à l’origine en mémoire des soldats tombés pendant les  guerres de libération contre Napoléon, mais aussi fortement lié symboliquement au décès de la reine Louise, figure du pouvoir. Dans l’opinion publique, elle est devenue un symbole du combat contre la France – une image nationaliste qui a dès le départ associé ce jour à des idéaux politiques et militaires.

Ainsi, le « dimanche des morts » pensé comme un hommage aux soldats tombés, a pris immédiatement des traits politiques et nationalistes.  La liberté y était associée à l’effort militaire et à l’obéissance envers le roi. C’est pourquoi, au Bouclier, nous ne célébrons pas simplement ce que le roi de Prusse avait prévu et avons déjà, à la Toussaint, pris un moment de recueillement pour penser à nos défunts.

Lors du Camp Caté de cette année, pendant les vacances, nous avons parlé avec les jeunes exactement de la liberté et de ce que signifie être courageux aujourd’hui. Il est devenu clair : la liberté n’est pas un état que l’on conquiert par les armes ou la violence. Elle se manifeste en regardant, en intervenant lorsque les autres détournent le regard.
Au camp, nous avons notamment étudié la figure de Mariann Edgar Budde, évêque de Washington. Dans son sermon lors de l’investiture du président des États-Unis en 2024, elle a adressé des paroles claires à Donald Trump et a lancé un appel pressant à la responsabilité, à la miséricorde et à la justice. Elle a montré que la foi est toujours une posture : élever la voix là où les gens souffrent, attirer l’attention sur l’injustice et défendre l’humanité.

Entre la Toussaint et le dimanche des défunts, il ne s’agit donc pas seulement de semaines de mémoire, mais au-delà d’une date, d’un espace à habiter : une invitation à s’arrêter, regarder, apprendre l’espérance et assumer la responsabilité que nous  avons les uns envers les autres.

Car le vrai courage ne se manifeste pas dans le combat – mais dans la paix.

Fiete Wasmuth, volontaire VISA de la paroisse du Bouclier

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Édito

Il y a dans les Évangiles une étonnante vérité : Jésus aime manger.

Non pas pour le plaisir de la table, mais parce que le repas est le lieu de la rencontre. À chaque fois qu’il s’assied pour partager le pain, quelque chose se révèle — de Dieu, de l’autre, et du Royaume à venir.

Jésus ne choisit pas toujours bien ses convives, du moins selon les critères du monde. On le voit à table avec les pécheurs, les publicains, les gens de mauvaise réputation. Cela scandalise les bien-pensants de son temps : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les pécheurs ? » demandent-ils.

Mais c’est précisément là que réside la grâce. Le repas devient signe d’une communion offerte, non à ceux qui se croient dignes, mais à ceux qui ont faim de pardon, de présence et de vie.

Chez Lévi, chez Zachée, chez Marthe et Marie, dans la foule des cinq mille ou au soir de la Cène, le Christ se fait compagnon de table. Il rompt le pain, partage le vin, écoute, enseigne, relève. À table, il n’y a plus de hiérarchie : le riche et le pauvre, le juste et le pécheur, le disciple fidèle et le traître s’y retrouvent côte à côte. C’est là, au cœur d’un repas, que se dévoile le visage d’un Dieu proche, humain, qui entre dans nos maisons et dans nos vies.

Et quand tout semble fini — après la croix, après la mort — c’est encore à table qu’il se fait reconnaître : à Emmaüs, lorsqu’il rompt le pain, ou au bord du lac, quand il prépare du poisson pour ses amis fatigués. Le Ressuscité continue de nous inviter à sa table.

Chaque fois que nous partageons le pain, que nous ouvrons nos portes, que nous accueillons l’autre sans condition, le Royaume s’approche. Peut-être faut-il redécouvrir cela aujourd’hui : dans un monde pressé, fragmenté, méfiant, le repas demeure un lieu de grâce. S’asseoir, écouter, bénir, rompre le pain ensemble — voilà déjà un geste d’Évangile.

Nous avons vécu dimanche un très beau moment à l’issue du culte avec un repas fraternel qui a rassemblé presque 60 personnes. Merci Jean-Fréd et Magali ! Dans la tradition réformée, ce lien entre table eucharistique et table fraternelle a toujours été essentiel. Le repas de communion déborde sur la vie communautaire : il nous envoie vers la table des autres, celle où se construit la fraternité concrète, en unissant ce que nous croyons et ce que nous vivons.

A une époque où l’on mange souvent seul et rapidement, ces repas partagés donnent à l’Église son visage de corps vivant. Autour d’une table, on ne consomme pas seulement des mets : on apprend à se connaitre. On reçoit la présence des autres, on apprend la lenteur, l’écoute, la gratitude, y compris parfois aux côtés d’un prochain que l’on n’a pas choisi…

Le repas communautaire, intergénérationnel, devient alors geste spirituel : il affirme que la communion n’est pas qu’une idée, mais une expérience tangible du Royaume qui vient. Chaque fois que l’Église se met à table, là où le pain est rompu et le vin partagé, c’est toujours Dieu qui, le premier, nous invite. Nous aimerions pouvoir proposer au moins un repas par mois pour vivre ces temps de partage précieux. Pour cela, l’engagement de certains est indispensable et nous aurions besoin d’une ou deux équipes en plus pour une parfaite régularité.
Alors si vous aimez cuisiner et/ou discuter, faites-moi signe !

Pasteur Fabian Clavairoly

Prochains repas fraternels à noter (avec les équipes car il y a des talents derrière chaque repas) :

Dimanche 21 décembre : Jeanne, Fiete et les étudiants du groupe 20-30

Dimanche 11 janvier : Kader, Caroline, Christine & Co

Dimanche 1er février : Anne-Muriel, Stéphanie, Bruno, Christian, Jérôme, Françoise et Jean-Fréd

Dimanche 22 mars : Vera, Fabian

Welcome

Le Bouclier wishes to be, above all, a lively Reformed parish. As heir to the first Reformed community founded by Jean Calvin, « Le Bouclier » (The Shield, named after the name of the street) is made up of 1,200 members and accompanied by two pastors.

« Le Bouclier » seeks to offer sharing and communion in an open-minded way so that parishioners and their friends may live through their spiritual questions together in the light of the Gospel. Today, all age groups are equally represented with, as a consequence, very active young people.

We offer a church service every Sunday which is sometimes followed by lunch. There are activities for all ranging from a group of young parents, a choir, « les doigts agiles » (nimble fingers), « les causeries du jeudi » (Thursday afternoon chats), evening meals, Bible studies, adult catechism and long walks which take place at different periods of the year.

Willkommen

Herzlich willkommen. Die evangelische reformierte Gemeinde « Le Bouclier » ist die Erbin der ersten Gemeinde, die in Strasbourg von Jean Calvin gegründet wurde.

Alle Altersgruppen haben ihren Platz und ein Schwerpunkt liegt auf der Jugendarbeit: vom Krabbelgottesdienst, über den Kindergottesdienst und Konfirmandenunterricht, bis zur Jugendarbeit, mehreren Freizeiten, und internationalen Workcamps. Andere Aktivitäten der Gemeinde sind der Chor, der Gospelchor, der Frauen-Handarbeitskreis, das Treffen der Senioren, die « Essen zu Hause mit je 8 Personen », die Wandergruppe, Bibelkreise, Erwachsenenkatechismus…

Die musikalischen Aktivitäten, herkommend von der reformierten Psalmtradition, und heute mit den Chören, der neuen « von JS Bach erträumten » Orgel, und vielen Konzerten, Kantatengottesdiensten, ist ein anderer Schwerpunkt der Kirchengemeinde.

Nach dem Sonntagsgottesdienst (um 10h30) findet einmal im Monat ein gemeinsames Essen statt.

Die Gemeinde besteht heute aus 1200 Gemeindemitgliedern mit zwei Pfarrstellen . »Le Bouclier » bietet den Gemeindemitgliedern und ihren Freunden einen Ort, an dem sie sich begegnen können und an dem sie ihre Fragen und Beschäftigungen hinsichtlicht ihres Glaubens teilen und leben können.