Danielle Stocker est bien connue au Bouclier, à la fois comme paroissienne de longue date mais aussi comme prédicatrice régulière lors des cultes dominicaux.
Au terme d’un travail d’une grande rigueur et la soutenance remarquable de sa thèse à laquelle nous avions l’honneur d’assister, Danielle s’est vu décerner le grade de docteur en théologie. Elle voit son parcours universitaire se conclure de la manière la plus brillante qui soit, avec la publication de ses recherches aux éditions prestigieuses Mohr Siebeck de Tübingen, sous le titre : « La place et le rôle des femmes dans les Actes des Apôtres » (446 pages).
Elle y démontre que parallèlement à la diffusion géographique de l’Évangile, le récit de Luc que je vous invite à relire, raconte une autre « ouverture au monde » : tout d’abord celle de la reconnaissance de cette première figure de l’autre qu’est la femme dans le monde antique, puis celle de sa parole, une parole qui n’est plus parole de « bonnes femmes », mais enseignement à un certain Aquilas, un érudit juif.

Si les études concernant les femmes et leur rôle dans les Évangiles se sont multipliées depuis la fin du XXème siècle, celles portant sur les Actes des Apôtres se limitaient le plus souvent aux figures les plus marquantes telles que Sapphira, Tabitha, Lydie ou encore Priscille.
La question que pose l’auteure – et à laquelle elle répond -, est celle de la place et du rôle que jouent les femmes dans la stratégie narrative de l’auteur des Actes.
Cette question initiale impliquait de ne pas se limiter aux seules figures féminines de premier plan, mais de tenter de comprendre de quelles façons elles étaient reliées au reste du récit, et en particulier aux autres mentions de femmes.
La thèse de Danielle Stocker est donc une contribution importante à l’exégèse des Actes des Apôtres, particulièrement dans la perspective de l’Histoire des femmes dans l’Église primitive, révélant une densité narrative qui n’est pas toujours évidente au premier abord et réussissant à éviter l’écueil qu’aurait pu avoir une lecture idéologique, elle montre bien les ambiguïtés du texte qui même s’il n’est pas « féministe » au sens moderne, ouvre des portes significatives dans le contexte du Ier siècle : à travers les dyades “hommes-femmes” et la récurrence de la formule « hommes et femmes », Danielle Stocker montre que Luc, l’auteur des Actes, élabore une vision inclusive du ministère missionnaire, donnant aux femmes une place indéniable.
Son travail intéressera ainsi à la fois des théologiens (pour ses implications sur la compréhension du ministère des femmes), des exégètes (pour sa méthode narrative), et des historiens du christianisme primitif, tout en contribuant à enrichir les débats actuels concernant la place des femmes dans l’Église.
Nous t’adressons chère Danielle toutes nos félicitations pour cette publication, et t’exprimons également notre reconnaissance pour tout ce que tu apportes au Bouclier.
Pasteur Fabian Clavairoly