Cette année avec les enfants du culte des tout petits et de Dimanche en Fête nous explorons la grande thématique de la famille !
La Bible traite très régulièrement des difficultés de faire famille ensemble avec par exemple les récits de Caïn et Abel ou de Saraï, Abram et Agar. La famille peut être source de jalousie, de comparaison et de souffrance. Mais dans ces récits, Dieu n’est jamais très loin et ne se prive pas d’intervenir : soit pour tenter d’empêcher la violence, soit pour promettre que malgré les difficultés il y a toujours un avenir.
Même si les rivalités fraternelles prennent beaucoup de place dans les récits bibliques, il existe aussi des exemples plus positifs comme celui de Moïse, Aaron et Miriam. Cette dernière va veiller sur le petit Moïse et plus tard, Aaron et Miriam aideront le prophète à guider le peuple d’Israël.
On peut aussi penser à la fratrie de Marthe, Marie et Lazare (Jean 11) avec les deux sœurs qui demandent à Jésus de sauver leur frère et témoignent d’un grand amour envers lui.
Chacun ou chacune qui a grandi avec des frères et sœurs a sûrement connu la jalousie et le sentiment d’injustice mais aussi, je l’espère, des moments de grande complicité et de générosité réciproque. Pour ma part, je me disputais tellement violemment avec mon frère quand j’étais jeune, que nos grand-parents refusaient de nous emmener ensemble en vacances. Chaque trêve de conflit était un moment à savourer voire même à honorer par son côté miraculeux.
J’ose croire que les disputes entre frères et sœurs sont tellement universelles que c’est pour cela que les rabbins se sont emparés de cette thématique dans plusieurs middrashim comme par exemple le Vayikra Rabba qui nous raconte dans sa section 13 cette histoire :
Il était une fois deux frères. L’un était marié et avait des enfants ; l’autre était célibataire.
Ils possédaient ensemble un champ qu’ils cultivaient à parts égales.
Une nuit, le frère marié se dit : « Mon frère est seul, il n’a personne pour le soutenir dans ses vieux jours. Il a besoin de plus que moi. » Et il alla, en secret, prendre des gerbes de son propre tas pour les ajouter au tas de son frère. La même nuit, le frère célibataire pensa : « Mon frère a une famille nombreuse ; il a besoin de plus de blé que moi. » Et lui aussi alla, en secret, prendre des gerbes de son propre tas pour les ajouter à celui de son frère. Le lendemain, chacun trouva son tas intact.
Étonné, chacun recommença la nuit suivante — et de nouveau, les tas restèrent égaux. Jusqu’à ce qu’une nuit, ils se rencontrent au milieu du champ, les bras chargés de gerbes.
Alors ils comprirent, et s’embrassèrent en pleurant. Et Dieu dit : « C’est ici, en ce lieu de fraternité et d’amour, que je veux faire résider ma Présence (Shekhinah). »
Selon la tradition, le Temple de Jérusalem fut bâti à cet endroit.
Bien sûr ici, la moralité serait peut-être déjà de s’entraider au sein d’une même famille biologique au lieu de se haïr. Mais l’enseignement de Jésus nous apprend aussi que finalement, nos frères et sœurs ne se résument pas aux liens du sang. Peut-être pouvons nous ouvrir cette parabole pour l’appliquer à tout autre que nous même dans un élan de générosité mutuelle qui annonce déjà un peu le Royaume de Dieu.
Pasteure vicaire Juliette Marchet