L’ânon des Rameaux : le geste de la non puissance. Semaine du 28 mars 2021

Les Rameaux, c’est le récit de l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un ânon et la foule qui l’acclame comme roi. Cette foule va passer en quelques jours de l’acclamation enthousiaste à la condamnation sans appel, à l’image de bien des foules qui peuvent si vite basculer de la nostalgie d’un passé idéalisé à une crainte d’un avenir menaçant. Jésus se tait sous les cris d’acclamation comme il se taira bientôt sous les cris de haine.
Sa seule parole ici est le petit âne car quand les uns crient la seule chose possible est souvent de montrer : il montre et monte un petit âne. Le geste, l’image, la chorégraphie parlent : un roi – donc puissant – porté par un « petit sans puissance ». J’y vois une parole de non puissance dans cette attente d’un Dieu tout-puissant.
La puissance est la capacité de faire quelque chose. L’impuissance est l’incapacité de faire cette chose. La non puissance est la capacité de faire cette chose, et le choix de ne pas la faire ; la non puissance consiste donc à ne pas faire tout ce que l’on est capable de faire pour la seule raison qu’on peut la faire. On parlera de renoncement assumé, d’auto-limitation, de sobriété.
Ce choix du « petit âne », de la non puissance va ainsi à l’encontre de la loi dite de Gabor : « Tout ce qui est techniquement possible sera nécessairement réalisé », peut importent les effets et les coûts. Jacques Ellul développe cette affirmation de la non puissance : selon lui il est nécessaire d’affirmer « l’impossibilité de vivre ensemble, et même probablement de vivre tout court, si l’on ne pratique pas une éthique de la non puissance » . Cela commencerait par l’usage personnel des moyens techniques (la vitesse au volant ?), mais aussi le fonctionnement de nos institutions : la concurrence ne devrait pas être le moteur de l’organisation sociale ni celle des méthodes pédagogiques, ni dans l’économie (où l’économie sociale et solidaire devrait être préférée), ni même dans le sport (où l’essentiel, selon Pierre de Coubertin est de participer), ni aussi dans le domaine de la recherche scientifique en déterminant les seuils de nocivité d’un outil et en mettant en place « des outils qui optimisent l’équilibre de la vie ».
La non puissance reviendrait à établir des seuils et des limites comme ce bon vieux Shabbat, cette parole inscrite dans notre rythme de vie pour dire : arrête-toi, « personne ne doit travailler ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes animaux, ni l’étranger installé dans ton pays ».

Pasteur Pierre Magne de la Croix

Les rendez-vous de la semaine

Nous passons à l’heure d’été ce dimanche 28 mars : à 2 heures du matin il sera 3 heures !

  • dimanche 28 mars 10h30, culte avec célébration de la Cène « en présence » et sur www.envideo.lebouclier.fr
  • Dimanche 28 mars, 15h00 culte musical « en présence ». Ensemble Souffle d’Aédé; époque baroque.

Semaine sainte :

  • Vendredi 2 avril, 10h30 : culte musical du Vendredi saint « en présence » et sur www.envideo.lebouclier.fr Messiaen : Quatuor pour la fin du temps. Ensemble Accroche Note
  • Samedi 3 avril, 15h00 : culte musical du samedi saint « en présence ». Pergolèse : Stabat Mater. Département de musique ancienne du conservatoire.
  • Dimanche 4 avril, 10h00 : chasse aux œufs. 10h30 : culte musical de Pâques « en présence » et sur www.envideo.lebouclier.fr Quintette Seckler. Dvorak

Pour suivre les cultes par téléphone uniquement :

  1. Appeler le 01 70 95 01 03
  2. Tapez le numéro de la réunion : 322 913 6128 #
  3. L’opérateur demande le numéro de participant ; vous tapez juste le : #
  4. Tapez le code de la réunion : 265 204 #

Pour échanger

  • L’invité de la fédération Protestante de France, 24 mars 2021 :
    Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la Laïcité
    https://www.protestants.org/page/1356201-radio-fpf#invit
  • Lundi 29 mars à 23h00 sur France 3 : Laïcité et Concordat, l’exception. Depuis le XIXe siècle, un régime concordataire perdure en Alsace-Moselle.
    Bande-annonce : https://vimeo.com/527278730 https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/10394332

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Édito

Il y a dans les Évangiles une étonnante vérité : Jésus aime manger.

Non pas pour le plaisir de la table, mais parce que le repas est le lieu de la rencontre. À chaque fois qu’il s’assied pour partager le pain, quelque chose se révèle — de Dieu, de l’autre, et du Royaume à venir.

Jésus ne choisit pas toujours bien ses convives, du moins selon les critères du monde. On le voit à table avec les pécheurs, les publicains, les gens de mauvaise réputation. Cela scandalise les bien-pensants de son temps : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les pécheurs ? » demandent-ils.

Mais c’est précisément là que réside la grâce. Le repas devient signe d’une communion offerte, non à ceux qui se croient dignes, mais à ceux qui ont faim de pardon, de présence et de vie.

Chez Lévi, chez Zachée, chez Marthe et Marie, dans la foule des cinq mille ou au soir de la Cène, le Christ se fait compagnon de table. Il rompt le pain, partage le vin, écoute, enseigne, relève. À table, il n’y a plus de hiérarchie : le riche et le pauvre, le juste et le pécheur, le disciple fidèle et le traître s’y retrouvent côte à côte. C’est là, au cœur d’un repas, que se dévoile le visage d’un Dieu proche, humain, qui entre dans nos maisons et dans nos vies.

Et quand tout semble fini — après la croix, après la mort — c’est encore à table qu’il se fait reconnaître : à Emmaüs, lorsqu’il rompt le pain, ou au bord du lac, quand il prépare du poisson pour ses amis fatigués. Le Ressuscité continue de nous inviter à sa table.

Chaque fois que nous partageons le pain, que nous ouvrons nos portes, que nous accueillons l’autre sans condition, le Royaume s’approche. Peut-être faut-il redécouvrir cela aujourd’hui : dans un monde pressé, fragmenté, méfiant, le repas demeure un lieu de grâce. S’asseoir, écouter, bénir, rompre le pain ensemble — voilà déjà un geste d’Évangile.

Nous avons vécu dimanche un très beau moment à l’issue du culte avec un repas fraternel qui a rassemblé presque 60 personnes. Merci Jean-Fréd et Magali ! Dans la tradition réformée, ce lien entre table eucharistique et table fraternelle a toujours été essentiel. Le repas de communion déborde sur la vie communautaire : il nous envoie vers la table des autres, celle où se construit la fraternité concrète, en unissant ce que nous croyons et ce que nous vivons.

A une époque où l’on mange souvent seul et rapidement, ces repas partagés donnent à l’Église son visage de corps vivant. Autour d’une table, on ne consomme pas seulement des mets : on apprend à se connaitre. On reçoit la présence des autres, on apprend la lenteur, l’écoute, la gratitude, y compris parfois aux côtés d’un prochain que l’on n’a pas choisi…

Le repas communautaire, intergénérationnel, devient alors geste spirituel : il affirme que la communion n’est pas qu’une idée, mais une expérience tangible du Royaume qui vient. Chaque fois que l’Église se met à table, là où le pain est rompu et le vin partagé, c’est toujours Dieu qui, le premier, nous invite. Nous aimerions pouvoir proposer au moins un repas par mois pour vivre ces temps de partage précieux. Pour cela, l’engagement de certains est indispensable et nous aurions besoin d’une ou deux équipes en plus pour une parfaite régularité.
Alors si vous aimez cuisiner et/ou discuter, faites-moi signe !

Pasteur Fabian Clavairoly

Prochains repas fraternels à noter (avec les équipes car il y a des talents derrière chaque repas) :

Dimanche 21 décembre : Jeanne, Fiete et les étudiants du groupe 20-30

Dimanche 11 janvier : Kader, Caroline, Christine & Co

Dimanche 1er février : Anne-Muriel, Stéphanie, Bruno, Christian, Jérôme, Françoise et Jean-Fréd

Dimanche 22 mars : Vera, Fabian

Welcome

Le Bouclier wishes to be, above all, a lively Reformed parish. As heir to the first Reformed community founded by Jean Calvin, « Le Bouclier » (The Shield, named after the name of the street) is made up of 1,200 members and accompanied by two pastors.

« Le Bouclier » seeks to offer sharing and communion in an open-minded way so that parishioners and their friends may live through their spiritual questions together in the light of the Gospel. Today, all age groups are equally represented with, as a consequence, very active young people.

We offer a church service every Sunday which is sometimes followed by lunch. There are activities for all ranging from a group of young parents, a choir, « les doigts agiles » (nimble fingers), « les causeries du jeudi » (Thursday afternoon chats), evening meals, Bible studies, adult catechism and long walks which take place at different periods of the year.

Willkommen

Herzlich willkommen. Die evangelische reformierte Gemeinde « Le Bouclier » ist die Erbin der ersten Gemeinde, die in Strasbourg von Jean Calvin gegründet wurde.

Alle Altersgruppen haben ihren Platz und ein Schwerpunkt liegt auf der Jugendarbeit: vom Krabbelgottesdienst, über den Kindergottesdienst und Konfirmandenunterricht, bis zur Jugendarbeit, mehreren Freizeiten, und internationalen Workcamps. Andere Aktivitäten der Gemeinde sind der Chor, der Gospelchor, der Frauen-Handarbeitskreis, das Treffen der Senioren, die « Essen zu Hause mit je 8 Personen », die Wandergruppe, Bibelkreise, Erwachsenenkatechismus…

Die musikalischen Aktivitäten, herkommend von der reformierten Psalmtradition, und heute mit den Chören, der neuen « von JS Bach erträumten » Orgel, und vielen Konzerten, Kantatengottesdiensten, ist ein anderer Schwerpunkt der Kirchengemeinde.

Nach dem Sonntagsgottesdienst (um 10h30) findet einmal im Monat ein gemeinsames Essen statt.

Die Gemeinde besteht heute aus 1200 Gemeindemitgliedern mit zwei Pfarrstellen . »Le Bouclier » bietet den Gemeindemitgliedern und ihren Freunden einen Ort, an dem sie sich begegnen können und an dem sie ihre Fragen und Beschäftigungen hinsichtlicht ihres Glaubens teilen und leben können.