Par le Duo Camille Claudel : Noémie Berz, piano et Kevin Bourdat, violoncelle. «Portraits croisés», concert proposé par le Duo Camille Claudel, plonge le spectateur au cœur du romantisme allemand incarné par deux noms illustres : Schumann et Mendelssohn. Felix et Robert, bien-sûr.
Mais derrière ces noms se cachent deux pianistes et compositrices dont l’immense talent reste méconnu. Fanny et Clara, la sœur et l’épouse, ne furent pas seulement les confidentes des deux grands hommes. À travers musique et écrits, la pianiste Noémie Berz et le violoncelliste Kevin Bourdat redonnent vie à ces quatre artistes aux voix profondément humaines.
« Le temps de Dieu est le meilleur des temps »
Les Romains, s’inspirant des Grecs, avaient coutume de placer sur le char d’un général revenant victorieux de bataille et défilant à Rome pour célébrer son triomphe, un esclave qui lui murmurait régulièrement à l’oreille : « Memento mori » (« Rappelle-toi que tu es mortel »). Une manière d’éviter de succomber à l’hybris, cet orgueil qui nous guette tous.
Le Christ, quant à lui, ne se contente pas de nous rappeler notre condition, il la prend sur lui, pour nous amener à la sublimer à sa suite.
C’est dans cet esprit qu’est composée en 1707 la cantate Actus tragicus de Jean-Sébastien Bach : une réflexion sur la condition humaine face à la finitude.
À travers ses mouvements, elle évoque certes, la fragilité de la vie et la certitude de la mort, mais aussi – c’est heureux -, l’espérance chrétienne en la résurrection et en la divine providence.
Et au cœur de cette œuvre, le choral « Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit » nous offre une méditation sur la souveraineté de Dieu face au temps qui passe.
Non pas donc : Memento mori au sens du poète épicurien Horace auteur des vers devenus célèbres : « Carpe diem quam minimum credula postero ». Mais bien au sens biblique du Psalmiste que cite le ténor dans la cantate avec ce verset 12 du Psaume 90 : « Ach, Herr, lehre uns bedenken, daß wir sterben müssen, auf daß wir klug werden » (Seigneur, apprends-nous à nous souvenir que nous devons mourir, afin que nous devenions sages).
Certains en lisant ces lignes, s’amuseront peut-être de reconnaitre le slogan du rassemblement du Kirchentag en 2015 : « Damit wir klug werden », largement tronqué de sa première partie, sans doute pour ne pas effrayer outre mesure…
La théologie biblique enseigne que le temps appartient à Dieu et que ses plans surpassent notre compréhension humaine. La phrase « Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit » nous invite à faire confiance à Dieu, y compris dans les moments d’incertitude ou de douleur.
Dimanche, le chœur du Bouclier nous rappellera, – si tant est que nous l’ayons oublié -, non seulement que nous sommes mortels, mais que dans le grand cycle de la vie, la mort n’est pas une fin, mais une étape dont le Christ est vainqueur.
Pasteur Fabian Clavairoly